Cela fait 20 ans que les premières pièces en euros sont entrées en circulation en Europe. Dès leur introduction, les euros ont suscité l’intérêt du public. Au fil du temps les collectionneurs et numismates, toujours friands de nouveautés, se sont également intéressés à cette nouvelle monnaie. D’abord aux pièces de collection frappées en tirage limité ainsi qu’aux pièces commémoratives, mais aussi aux pièces courantes. Car parmi les quelques 138,068 milliards de pièces en circulation se cachent des pièces rares dont la cote dépasse leur valeur faciale.

L’euro, une monnaie aux multiples faces

L’euro est né en janvier 1999. A cette date 11 états membres de l’Union Européenne ont décidé d’adopter une nouvelle monnaie commune. D’abord virtuelle, il faudra attendre 2002 pour voir les premières pièces (8 pièces courantes, de 1 cent à 2 euros) et billets en euros arriver dans les porte-monnaie des européens. Chaque euro possède une face commune, identique dans chaque pays (carte de l’Europe avec valeur), et une face en propre, nationale.

Au fil des années, de nouveaux pays adhèrent à l’Union Européenne. En 2005 la carte figurant sur la face commune des monnaies est modifiée afin de faire apparaître les nouveaux membres. Il existe donc aujourd’hui deux variantes des euros de 1 centime, 2 centimes, etc. Et ce nombre est encore à multiplier par le nombre de pays qui aujourd’hui fabriquent des euros à savoir 23 !

Il existe donc des dizaines d’euros courants différents en circulation, auxquels s’ajoutent les pièces de collection, et des pièces commémoratives. Alors pour reconnaître un euro qui a de la valeur il faut être particulièrement attentif à son état, et à la rareté.

La qualité, un facteur essentiel de la valeur d’une pièce de monnaie

La première chose à regarder est l’état de conservation de la pièce. Les pièces les plus recherchées, quelle que soit leur valeur faciale (la valeur inscrite sur une des faces), sont celles qui n’ont très peu voire pas circulé du tout. Ces euros sont neufs ou dans un très bon état général. En numismatique, il existe une échelle de définition de la qualité des pièces qui comporte 8 degrés en France :

• FDC (Fleur de coin): Aucun défaut, ni rayure ni choc à la loupe, dessin en relief complet. Son nom vient du morceau de métal (acier) gravé en creux qui va donner son relief aux pièces. « Fleur de coin » signifie donc que la pièce est dans un état identique au moment où elle vient juste d’être frappée.

BE (Belle épreuve) : état identique à « Fleur de coin ». Les pièces « Belle épreuve », souvent protégées dans un coffret scellé et sous vide, sont destinées à la collection.

• SPL (Splendide): Presque identique à FDC à l’exception du velours de frappe (traces laissées par la frappe de la monnaie et qui disparaît rapidement dès qu’on touche les pièces) très légèrement usé sur les points hauts. Ce type d’usure ne peut se voir qu’à la loupe. Les pièces neuves en rouleaux peuvent être dans cet état.
• SUP (Superbe): La pièce dans cet état a très peu circulé. Le relief est complet mais très légèrement usé. Le velours de frappe a disparu, des éraflures sont visibles à la loupe mais le brillant d’origine est toujours présent.
• TTB (Très très beau): Même en ayant circulé, la pièce est encore en très bon état malgré des rayures visibles à l’œil nu. Le relief, même très légèrement usé, est présent sur toute la pièce.
• TB (Très beau): Le relief étant estompé d’environ 50%, certains détails fins ne sont plus aussi fins. Les traces de chocs et les rayures sont visibles, et le brillant a disparu.
• B (Beau) et AB (Assez beau): Dans ces deux dernières catégories les pièces ont beaucoup circulé et sont donc très usées. Inscriptions, dates…Il ne reste presque rien de lisible. A moins que la face B (qui appartient en propre à un pays) soit très rare, ces pièces courantes n’ont aucune valeur.

Bon à savoir : Dans la classification européenne il existe une catégorie de pièces intermédiaire entre FDC et SPL, BU (Brillant Universel). Il s’agit de pièces en tirage limité avec brillant d’origine.

Les FDC sont presque introuvables aujourd’hui. Les coffrets d’euros de collection – qui par définition sont parfaitement conservés et donc de type BU ou BE – peuvent valoir plus de 1 000€, en fonction de l’année où ils ont été frappés.

Des pièces courantes neuves, n’ayant jamais circulé, parfaitement conservées dans leur rouleau d’origine par exemple, peuvent aussi valoir un peu plus que leur valeur faciale. Mais à état identique, une pièce frappée en peu d’exemplaires aura toujours plus de valeur qu’une autre car la rareté est un autre facteur déterminant de la valeur d’un euro.

Tirages faibles, éditions limitées ou défauts…Des éléments qui impactent la cote des euros

Les euros issus d’un tirage faible ou limité sont par définition plus rares que ceux tirés en grande quantité. Ils ont donc plus de valeur. Cette limitation peut avoir différentes raisons :

• La population du pays

Les états membres fabriquent des euros en proportion de leur population. Ainsi un état comme Andorre, qui compte moins de 80 000 habitants, fabrique moins d’euros que la France pour ses 67 millions d’habitants. Le Vatican, Monaco, Saint Marin et Andorre sont les états européens les moins peuplés. Leurs euros étant plus rares, ils ont donc une côte plus élevée.

Bon à savoir : Les pièces en euros du Vatican n’ont jamais été mise en circulation. Vendues sous forme de coffrets ou de kits donc neuves, elles ont donc une cote élevée.

• Évènements particuliers ou pièces commémoratives

Lorsque le Prince Albert de Monaco succède à son père en 2005, de nouvelles pièces de 1 euro font leur apparition avec le profil du nouveau roi. 11 180 pièces sont fabriquées, contre seulement 7 000 en 2001 avec le portrait du Prince Rainier. Plus rare, cette pièce cote environ 150€ alors que celle de 2006 côte 115€.

Les pièces commémoratives de 2 euros, en tirage limité, ont une valeur supérieure à leur valeur faciale. Parmi les pièces les plus rares :

• 2 euros Grace Kelly 2007, fabriquée à l’occasion du 25ème anniversaire de la mort de Grace Kelly et tirée à 20 001 exemplaires. Valeur > 1 000 euros.
• 2 euros du Vatican 2004, fabriquée (environ 85 000 exemplaires) pour célébrer les 75 ans de la fondation du Vatican. Valeur > 100 euros.
• 2 euros de Finlande 2004, environ 1 million d’exemplaires tirés pour fêter l’élargissement de l’UE à 10 nouveaux membres. Valeur > 60 euros.
• 2 euros de San Marin, frappé en 2004 (à 110 000 exemplaires) pour rendre hommage à Bartoloméo Borghesi, numismate écrivain du XIXème. Valeur < 300 euros.

• Certains pays peuvent avoir besoin de fabriquer une petite quantité de nouvelles pièces. C’est le cas de la France qui fabrique en 2002 100 000 pièces de 1 centime d’euro. Un tirage faible que certains numismates peuvent acheter 15 € !

Dans certains cas ce n’est pas la qualité ou la quantité de pièces fabriquées qui va impacter la valeur mais au contraire les défauts ! On appelle ces pièces des pièces fautées car elles comportent des erreurs de frappe. Ainsi en 2008 l’Allemagne frappe une pièce de 2 euros où les frontières des 15 pays européens ont disparu. Tirée seulement à 30 000 exemplaires – l’erreur a ensuite été corrigée – elle est très prisée des collectionneurs.

Autre exemple en 2012 lorsque l’Espagne, pour les 10 ans de l’euro, frappe une pièce de 2 euros où, sur certaines, la taille des étoiles européennes n’est pas la bonne. Ou encore une pièce de 1 cent italienne de l’année 2002 dont la taille était en fait celle d’une pièce de 2 cents (valeur estimée 6 000€).

Frappe non centrée ou en double, flan lisse au lieu d’être strié, double listel…Les pièces fautées ont aussi leurs amateurs !

Qualité, tirage, faute de frappe, évènement particulier, mais aussi métal utilisé pour la fabriquer (euro en or, en argent) …Chacun de ces critères peut influencer la valeur d’une pièce en euros. Alors regardez dans votre porte-monnaie et si vous pensez avoir un ou plusieurs euros rares, n’hésitez pas à expertiser vos pièces par un professionnel.